GISANT FLOTTANT Cette photographie est réalisée dans le principe du « debout couché » des gisants classiques.
Abdoulaye, jeune migrant isolé, flotte dans un espace anonyme, dans une matière idéale, vierge, légère, baignée d’une lumière incandescente qui émane de lui, de son énergie. Un temps suspendu, ou, un trait d’union.
Le vêtement que porte Abdoulaye le temps du voyage est intemporel. Matières plastiques, chargées de souvenir comme celui de la table à manger ou du meuble de rotin des familles occidentales dont il s’est paré pour affronter ce nouveau monde vers lequel il va. L’objet qu’il tient, jeu pour chiens du 21ème siècle, s’est empli, au creux de ses mains, d’une force toute nouvelle pour lui, une puissance extraordinaire, celle d’un héros des temps modernes.
LA TRÊVE
Une installation de photographies et de textiles de Sophie Comtet Kouyaté, présentée par le Centre des monuments nationaux, à la Basilique, cathédrale Saint-Denis du 8 avril au 8 septembre 2024. Un projet Olympiades Culturelles Paris 2024.
Sophie Comtet Kouyaté présente une installation, « La Trêve », mêlant photographies et textiles. Une série de portraits, fresques photographiques et costumes monumentaux inspirés de l’univers des Jeux Olympiques de la Grèce antique et en connexion avec les éléments architecturaux et historiques d’un des monuments emblématiques de l’histoire de France.
Sophie Comtet Kouyaté a rassemblé, sur de grandes fresques, oriflammes, drapeaux, médaillons, des personnages habillés, grimés et mis en scène, qui évoquent les figures emblématiques de la vie sociale grecque au moment des premiers jeux d’Olympie.
Ce sont 40 habitants de Saint-Denis de tous âges, 8 athlètes olympiques et paralympiques (dont certains sont plusieurs fois médaillés olympiques ou participants aux JOP2024 comme Paméra Losange, athlétisme, Yvan Wouandji Kepmegni, cécifoot, Aladji Ba, sprint…) et 8 autres athlètes qui incarnent ces personnages.
Jeunes, adultes et sportifs cohabitent dans ces images et scènes, véritables métaphores de la ville de Saint-Denis aujourd’hui, s’offrant au regard dans une déambulation immersive.
Les objets porteurs de symboles, bijoux de murs, flammes, anges, couronnes, pupitres, bustes et médailles dialoguent avec les éléments liturgiques de la basilique aujourd’hui.
" La Trêve, comme une utopie nécessaire, un rêve éveillé, est l’hommage que je veux rendre à la ville de Saint-Denis où je rencontre chaque jour des hommes, femmes et jeunes dont la vie quotidienne est à majorité contraire à l’image dégradante véhiculée dans la conscience collective.
Saint-Denis, ville multiple, empreinte comme nulle part ailleurs d’une histoire et d’un patrimoine exceptionnels et, dans le même temps, inscrite dans un élan de modernité phénoménal. C’est l’énergie, le choc permanent entre patrimoine et nouveauté, entre misère, espoir et dynamisme qui m’inspire ce projet. Le titre de cette installation peut résonner comme un voeu silencieux au moment de ces préparatifs quand, autour, conflits et troubles encouragent les fractures, les replis communautaires et renforcent encore les préjugés.
Pour cette exposition, c’est par la fiction que j'installe un dialogue entre références cinématographiques des réalistes italiens qui les premiers offraient au regard l’intimité des quartiers populaires et péplums grandioses du cinéma populaire américain, aux formes picturales inspirées des peintures anciennes, des arts d'Afrique ou de créations contemporaines architecturales et de la mode. Vivre Saint-Denis, c’est voyager dans toutes ces réminiscences, ce monde sensible, cette comédie humaine animée de malheurs et de vivacité, de brutalités ou de joyeusetés qui s’expriment toujours, partout, sur les places, dans la rue.
Je veux, pour ces installations dans la basilique, lieu « mère » de cette ville quelque soit l'obédience de chacun, que le visiteur entre en connexion avec ces visages d’habitants, leur force particulière, montrant une certaine résistance tout comme celle des athlètes, portes-voix de la Seine-Saint Denis, symboles de leur espoir, d'un autre possible, et qu’ils côtoient le temps de la prise de vue.
D’abord surpris par le choix hybride des matières, des formes et des intentions, déambulant parmi les scènes, les portraits d'athlètes et d'habitants, habits de lumière, objets, tentures, amulettes, bijoux de murs, mots, il trace peu à peu le chemin du récit, le film d'une ville imaginaire, Saint-Denis ou Olympie, où tous, venus des quatre coins du monde, interprétant leur propre fiction, se seraient rassemblés, le temps d’une trêve, pour célébrer l'évènement des Jeux. »Sophie Comtet Kouyaté
Photographies © Sophie Comtet Kouyaté
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